Après une grande bataille en finale, contre l’Université de l’Alberta, les filles de l’équipe féminine du Rouge et Or deviennent championnes canadiennes pour la première fois de leur histoire!

L’équipe de l’Université Laval s’est toujours démarquée dans le tennis universitaire. Devenu Rouge et Or en 2018, le programme ne cesse de se développer. Dans les deux dernières années, c’est l’équipe québécoise avec le plus de participations aux Championnats canadiens, terminant dans le top 3 au pays dans chaque participation. Les hommes avaient déjà remporté le titre national en 2015, et c’est maintenant à l’équipe féminine de goûter pour la première fois à la victoire!

Jacques Bordeleau, entraîneur en chef du Rouge et Or, nous parle du rôle de l’entraîneur d’une équipe universitaire, de la préparation qui a mené à la victoire, ainsi que des prochains objectifs de l’Université Laval.

Jacques Bordeleau (à gauche), élu Entraîneur universitaire de l’année par excellence

Comment on prépare son équipe universitaire pour se rendre dans des conditions optimales aux Championnats canadiens?

Je dirais que ce qui est difficile, c’est le temps entre la ligue provinciale et le championnat canadien, il y a 4-5 mois entre les deux. L’an dernier, nous avions fait quelques erreurs dans notre préparation et on a pris des notes pour éviter de les refaire cette année. L’année dernière, ils ont resurfacé les terrains où on pratiquait à l’extérieur, on n’a pu commencer à s’entraîner qu’à partir de la mi-juin, c’est comme si on avait recommencé à zéro. Cette année, on a commencé beaucoup plus de bonne heure. On a commencé dès le mois de mai à faire les entraînements et ça nous a permis d’avoir un meilleur niveau de jeu des filles.

Le 2e point… nous avions beaucoup de filles de Montréal l’année passée… On leur demandait de pratiquer et s’organiser par elles-mêmes, cette année, on a engagé Kelly Georges pour encadrer les filles de Montréal. En engageant une entraîneure à Montréal, ça nous a permis d’avoir un encadrement et de s’assurer que les filles pratiqueraient plus que l’année passée.

On a commencé progressivement, 1 h de tennis puis 1 h de conditionnement physique les trois premières semaines pour éviter des blessures. On voyait les filles deux fois par semaine à Québec et celles qui résidaient à Montréal se réunissaient deux fois par semaine. On a fait deux fins de semaine de camps, une en fin juillet et une autre la fin de semaine qui précédait les championnats nationaux. Au niveau physique, Paul Veneau, notre préparateur physique, envoyait les programmes que les filles devaient suivre.

Le dernier point qu’on voulait améliorer cette année, qu’on n’a pas réussi à faire, c’est de jouer plus de matchs. On savait que ça allait être difficile. Toronto et Alberta ont eu des belles saisons comme nous autres dans leur ligue respective, et au Québec, il n’y a pas beaucoup de tournois dans lesquels les filles pouvaient avoir des matchs significatifs. Ça pouvait nous nuire un peu dans la préparation, mais je pense que le fait de jouer l’Université Dalhousie en première ronde nous a permis un peu de casser la nervosité que les filles avaient à ce moment-là.

On a aussi planifié une conférence sur la gestion du stress. Un peu comme l’année dernière, les filles qui en étaient à leur premier canadien étaient un peu nerveuses, donc on a fait venir des psychologues sportifs de l’Université Laval. C’était une petite conférence d’une heure pour nous donner un coup de main. L’année passée on avait eu un manque dans notre préparation, on n’a pas eu de réunion d’équipe. Cette année on a fait plus de rencontres toute l’équipe ensemble et, la semaine du tournoi, on est arrivé plus tôt sur le site pour que les filles puissent bien se préparer.

Dans la ligue universitaire, les entraîneurs ont la possibilité d’intervenir directement sur le terrain et de donner des conseils aux athlètes entre les changements de côté. Quelle place occupe le rôle de l’entraîneur dans ce contexte particulier et quels bénéfices concrets peut-il apporter aux joueurs?

On essaie surtout de calmer les filles, ce qu’on voudrait, nous autres, les entraîneurs, c’est de pas gérer des émotions sur le terrain. Souvent, on essaie de les guider tactiquement, mais elles ont tellement l’habitude. Souvent elles sont très émotives et ne veulent rien savoir du côté tactique. De mon côté, je fais un petit peu plus d’humour. J’essaie de les faire rire un peu pendant les changements de côté. Tactiquement, ce sont des choses de base, par exemple de faire courir l’autre… à moins que je voie quelque chose de particulier. À ce niveau-là, c’est n’est pas des gros points qui vont ressortir. On a fait faire un questionnaire aux filles après la conférence sur la gestion de stress. On leur a demandé… qu’est-ce qu’elles voudraient, quelles sont les attentes qu’elles ont de nous autres? La majorité disait qu’elles aimeraient être encouragées et sentir qu’on est positifs. On a essayé de respecter ça le plus possible.

Selon toi, qu’est-ce qui a fait la différence pour remporter le titre?

Grâce à une meilleure préparation, on était meilleurs que l’an passé. Un autre point qui est ressorti, c’est qu’on avait une équipe qui avait quand même beaucoup d’expérience. Les filles avaient peut-être, si je me souviens bien, 25 à 28 participations à des Championnats canadiens juniors de plus que l’an passé. Au total, c’est 80 participations de championnats canadiens juniors qu’on avait.

Par exemple, Minnie Kim, n’allait pas participer à cause d’une blessure, puis ça s’est décidé dans la dernière semaine. Je pense que l’expérience qu’elle a des championnats canadiens lui a fait gagner son match parce qu’elle avait des crampes, mais elle a réussi à rester dans le match et trouver la façon de s’imposer. Si c’était une joueuse moins expérimentée elle aurait peut-être abandonné, mais le fait que Minnie ait beaucoup d’expérience a fait qu’elle a été capable de s’en sortir. Janic Durocher, c’est un peu la même chose. Ça n’a pas été facile, mais elle a été capable de s’en sortir avec l’expérience. Le championnat de l’an passé, c’était également une année d’expérience, on a tous appris, la préparation devait être meilleure. C’est vraiment le mot expérience qui a fait la différence.

Maintenant que vous êtes champions canadiens, le titre le plus important au niveau national, quels sont vos prochains objectifs?

C’est sûr que de le remporter, c’est le fun. L’objectif sera de rester en haut, ce qui va être difficile. On veut continuer de recruter des joueurs et des joueuses qui vont rentrer dans le programme, qui vont être de bonne qualité. Nous avons hâte de rentrer au nouveau stade du Rouge et Or qui ouvrira ses portes en septembre 2026. Au nouveau centre, c’est d’avoir l’équipe la plus compétitive possible, puis de garder les filles et les gars bien motivés à jouer dans le circuit universitaire, qui est de plus en plus fort. On veut rester où on est, puis améliorer quand même le programme. Il y a des choses qu’on peut faire de mieux dans le programme, donc faut continuer de l’améliorer.

Ça fait plusieurs années que tu es entraîneur en chef du Rouge et Or, qu’est-ce qui fait en sorte que tu continues de t’impliquer dans le programme universitaire?

J’ai toujours travaillé dans le Club Avantage Multi-Sports avec les juniors, beaucoup dans les programmes Sport-Études. Je travaille encore avec des juniors mais ils sont un petit peu plus vieux… Ça garde jeune de travailler avec ces jeunes-là! Si je ne fais pas ça, je vais rester à la maison, puis je vais vieillir bien plus vite. Ce qui me garde encore là, c’est le plaisir que j’ai de d’aller sur le terrain puis d’avoir du fun avec eux autres.